Carreto Ramado (charrettes ramées)

La Saint-Eloi, la Madeleine et la Saint-Omer 

La fête de la Saint Éloi, la fête votive de la Madeleine et la fête de la Saint Omer sont les trois principales fêtes traditionnelles qui jalonnent l'été et tiennent le public en haleine.

Les spectacles s’enchaînent au rythme des orchestres, des animations, des abrivados, encierros, courses camarguaises, novilladas… Dans les bodégas, l’ambiance est assurée. Il y en a pour tous les goûts, et tout le monde est sous le charme. 
Mais le moment le plus attendu est, sans aucun doute celui du défilé de la Charrette le dimanche matin qui est à la fois le « clou du spectacle » et le « poinçon du fabricant » : une signature qui garantit l’authenticité de la fête.

La Carreto Ramado part du mas des bayles* pour se diriger vers le centre ville et effectuer plusieurs tours de ville sous le regard ébloui de milliers de spectateurs. Elle est tirée par plus de soixante-dix chevaux de trait attelés en ligne et harnachés à la mode sarrasine: brides et colliers sont ornés de houppes de laine, rubans multicolores, pompons et plumes de différentes couleurs et sont incrustés de miroirs. Le défilé est de ce fait très coloré. Chaque année on voit et revoit ces charrettes, mais l’émotion est toujours au rendez-vous. 
Ces fêtes, très anciennes, ont gardé tout leur rituel et sont plus qu’une simple fête folklorique : elles sont une tradition vivante que les aïeux ont transmis.

LEXIQUE
Bayles :
Chaque année, 2 membres de l’association concernée se font l’honneur d’être les « bayles » : l’un d’eux prête son mas pour garnir la charrette et y accueillir membres et amis le samedi soir à l’apéritif et le dimanche matin au petit déjeuner, offerts par la société.

La Saint-Eloi

Depuis le XVème siècle la charrette de Saint Eloi défile le 1er dimanche de juillet à Châteaurenard. Dans sa décoration rien n’a changé : le blé, culture de nos ancêtres avant l’irrigation de la région en 1876, l’avoine qui servait à la nourriture des chevaux, le buis qui poussait le long des gaudres, le fusain et les troènes qui clôturaient les cours des mas et les chardons cardères.

La Madeleine

La charrette de la Madeleine a des origines purement provençales. Au Moyen Age déjà, des chars tirés par des chevaux lourds défilaient dans les rues des villages pour fêter la fin des gros travaux des champs.

C’est pour célébrer le développement de l’irrigation de la région, donnant naissance au maraîchage et à la culture fruitière qu’est créée au XVIIème siècle la charrette de la Madeleine, qui depuis, défile chaque 1er dimanche d’août. L’organisateur de cette manifestation est à l’époque la confrérie des Jardiniers (1663) qui en 1907 devient Société des Maraîchers (association loi 1901).
Vers 11h du matin, 80 chevaux de trait harnachés à la mode sarrasine font leur entrée en ville, précédant la magnifique charrette garnie avec du buis, les plus beaux fruits et légumes de la région et plus de 3000 glaïeuls rouges. La surprise est grande pour le visiteur lorsqu’il découvre dans son écrin de fleurs le buste de Marianne et entend, outre les claquements de fouets, l’Internationale et la Marseillaise. En effet, la Madeleine témoigne de la ferveur des petits agriculteurs provençaux du début du XXème siècle pour les valeurs laïques et républicaines. 
Par son rituel, aujourd’hui unique en France, le défilé de la charrette de la Madeleine est un rendez-vous à ne pas manquer.

La Saint-Omer


Saint Omer, évêque au Moyen Age, serait passé à La Crau et aurait répandu quelques bienfaits. Mais nul ne sait au juste ce qu’il s’est passé et à quand remonte l’origine de cette fête.

Le hameau de Châteaurenard, aujourd’hui La Crau de Châteaurenard, était un quartier très animé où il y avait une population importante qui se faisait un point d’honneur à se retrouver pendant la fête votive de la Saint Omer, autour des bals populaires et autres divertissements: courses de taureaux, courses de bicyclettes, aïoli, concours de boules… Ces retrouvailles se faisaient autour de la spécialité culinaire du canard aux navets, car dans les mas, le canard était l’animal privilégié de la basse-cour.

Le Char des enclumes est décoré de buis, de canisses, de navets. Il est tiré par près de 60 chevaux de trait harnachés à la mode sarrasine et est précédé de groupes folkloriques et d’Arlésiennes.

Cette fête, était aussi appelée « fête des canniers » (touffe de cannes de Provence), car le quartier était particulièrement fourni en cannes aux bordures des ruisseaux ou des champs. Ces cannes étaient la matière première que les agriculteurs utilisaient pour fabriquer des brises-vent au nord des haies de cyprès, créant ainsi un micro climat pour la culture de légumes primeurs. C’est à l’occasion de cette fête que les jeunes trouvaient refuge dans ces canniers avec leurs conquêtes d’un soir, à l’abri des regards indiscrets.

A l’entrée de l’automne, au moment des vendanges et des premières chasses, quand il fallait couper les cannes pour réaliser les abris de canisses, une dernière fête rassemblait les gens du pays. C’était là que se faisaient les nouvelles unions et parfois même les « enlèvements », quand les parents s’opposaient aux jeunes amoureux.

A la fin des années 70, Mathieu JULLIAN, propriétaire du bar « Mathieu », accueille des Crauléens au petit matin d’une nuit bien remplie, avec cette phrase qui deviendra historique : « Vous êtes comme des enclumes, on vous taperait dessus que vous ne sentiriez rien. » Le mot « Enclume » était lancé. En 1983, l’association des Enclumes est créée afin d’animer les rues du hameau le dimanche matin de la fête votive par le défilé d’un char. Ce char est garni de buis, cannes, fleurs et surmonté d’une gigantesque enclume. Il est précédé de groupes folkloriques. Bleu, Rouge, Jaune sont choisis comme couleurs des Enclumes. Bleu pour la société des boules, rouges pour le club taurin, jaune pour l’apéritif provençal que l’on boit durant la fête.